L'Association d'Insertion Trajet élève des Sangliers pour les Chasseurs - Saint-Aignan-de-Grandlieu. L'association d'insertion Trajet a parmi ses chantiers école un élevage de sangliers. Les marcassins voyagent, achetés pour peupler des parcs de chasse. Pourquoi ? Comment ? Soixante laies dans les champs. Au bout de la piste de l'aéroport, à Saint-Aignan-de-Grandlieu, les cabanes posées dans les champs sont habitées par des sangliers.
À la fin de l'hiver, c'est sous cet abri que chaque laie donne naissance à sa portée de petits. Il y a deux groupes de trente mères et un mâle dans chaque groupe. Vaillant, le mâle, comme un prince au milieu de son harem, joue bien son rôle de reproducteur et ne refuse aucune saillie. Ainsi, chaque année, environ 160 marcassins voient le jour ici.
Nourris aux céréales - Comme les cochons, les sangliers sont omnivores. Cependant, pour faire simple et éviter le cannibalisme (la mère qui mange des petits, ça arrive) on les met ici au régime végétarien. Ils mangent des céréales (du triticale cultivé par l'association) et des granulés, pour l'apport en protéines. Ils broutent l'herbe, grattent, retournent la terre pour croquer des racines ou vers de terre. Pour reposer la terre, « nous organisons des rotations sur six parcelles », explique René Olivier.
Dangereux le sanglier ? - « Si on ne l'embête pas, non », assure le responsable de l'élevage. C'est un animal paisible, un peu craintif. « Quand la laie vient de mettre bas, il ne faut pas aller l'embêter, elle peut être agressive. Et lorsqu'il est blessé, comme toute bête affolée, le sanglier peut devenir méchant. »
Vraiment sauvages ? - La première souche, quand l'associationTrajet a commencé, il y a 40 ans, aux Couëts, provient de sangliers sauvages du coin. « Nous sommes tenus d'avoir du pur et de le prouver. Des analyses génétiques sont faites pour chaque reproducteur. Nos bêtes sont contrôlées par un vétérinaire, avec le même suivi que pour des porcs. » Les sangliers ne sont pas vaccinés, mais ils peuvent attraper des maladies, comme la peste porcine, par exemple.
Techniques de cow-boy pour les attraper ? - Les apprentis éleveurs, qui passent par Trajet pour se construire un parcours professionnel, apprennent tout le travail de soin aux bêtes en s'occupant des laies et de leurs petits. Avec cette nuance, il ne s'agit pas d'animaux domestiques. Au moment de les rabattre dans la prairie, il faut ruser, user de stratagèmes. « C'est délicat, car quand ils se sentent cernés, les marcassins peuvent charger en cherchant à fuir. » Des plaques de bois, empoignées comme des boucliers, protègent les gars. Et ça se passe bien, car ils ont conçu tout un système d'enclos pour les maîtriser. « Ils viennent, on les attire avec de la nourriture. »
Pourquoi en élever alors qu'ils prolifèrent dans nos campagnes ? - « Ce n'est pas pour les relâcher dans la nature, ça, c'est interdit, rassure René Olivier. Une fois sevrés, quand les marcassins âgés de 5 ou 6 mois, font 40 kg, ils partent dans le centre de la France, vendus pour les parcs de chasse qui sont des espaces clôturés. »L'éleveur ne saurait dire où exactement, car c'est un intermédiaire qui se charge du transport et des clients. Le prix ? 120 à 140 € le marcassin, selon le poids.
Une viande recherchée ? - « Il arrive qu'on vienne nous voir pour faire le banquet d'Astérix au village, mais on ne peut pas en vendre en direct pour la consommation de particuliers. Ni à des charcutiers qui voudraient cuisiner des terrines. C'est très réglementé, tout passe par des circuits spécialisés. » Chaque marcassin porte une boucle à l'oreille donnant le numéro d'élevage. Il est ainsi suivi jusqu'au parc de chasse. Les élevages sont assez rares en France. C'est une niche. Sans parti pris de la part de l'association Trajet. « Pour nous, la raison d'être de cet élevage est avant tout le support pédagogique. » ... source: ouest-france