#Coronavirus #Covid19: Lettre au Préfet de la Part de la Fédération du Commerce Seyneois du 24/03/2020 - Objet : réaction à la suite du refus de délivrance de dérogation pour les marchés plein air de la Seyne-sur-Mer - A l'attention de M. Jean-Luc Videlaine, Préfet du Var, Préfecture du Var, Bvd du 112ème Rég. d'Infanterie, 83070 – Toulon.
Ce jour, nous a été communiqué, par l'office de nos élus locaux, votre refus, à la suite de leur demande tendant à obtenir une dérogation pour le maintien des marchés plein air de la Seyne-sur-Mer. Nous demeurons perplexes face à cette annonce qui, selon notre corporation, revêt quelques difficultés de compréhension. Aussi, par solidarité envers nos collègues non-sédentaires qui vivent uniquement de cette possibilité d'exploiter le domaine public, nous condamnons cette décision.
Nous sommes, croyez-le bien, conscients de la gravité de la situation et des enjeux sanitaires que révèlent l'ensemble des décisions prises jusqu'aujourd'hui par le Gouvernement et que vous avez eues à cœur, depuis, d'exécuter. Mais il faut bien croire qu'il y a deux vitesses en matière de Commerce en France.
En tant que représentant de commerces de proximité, je sais la difficulté de la conjoncture au-delà de la simple crise du Covid-19. Mais par votre acte, vous avez commis un coup de grâce immense sur l'ensemble de la profession en privilégiant les grandes surfaces.
Il nous a été demandé de faire respecter des règles précises sur nos marchés (distances de sécurité, nettoyage des mains, service des produits sans contact par le client...), et nous nous sommes exécutés. Il a été demandé aux commerces non-essentiels (prêt-à-porter, maroquinerie, cosmétique...) de baisser le rideau pour une durée indéterminée, et nous nous sommes exécutés. Il a été demandé de rester ouvert, puis de fermer, puis de rouvrir, et nous nous sommes exécutés. Il nous a été demandé de ne pas rehausser les prix injustement, et nous nous sommes exécutés.
Aujourd'hui, vous demandez simplement à toute une profession (maraîchers, primeurs, producteurs, revendeurs) de cesser son activité pour une durée indéterminée. Nous disons que c'est trop. L'effort que vous demandez aux petits est devenu insurmontable face aux capacités financières de nos collègues. Et pendant ce temps, les grandes enseignes, dans leurs centres ou en ligne (qui ont pu, et pourront, elles, encore ouvrir) ont continué de vendre textiles, cosmétiques, papeteries. Au regard du droit en vigueur, il s'agit notablement d'une atteinte à la libre concurrence. Par votre décision d'interdire la dérogation demandée par les élus de la Seyne-sur-Mer, vous semblez organiser une situation entraînant un acte de concurrence déloyale.
Nous entendons l'argument sanitaire et notre impossibilité à maintenir les foules qui se ruent sur les marchés quotidiens de notre ville, mais nous ne sommes pas à Paris, Monsieur le Préfet. Nous avons été stricts dans notre respect des règles et nos clients, les forces de police, les élus peuvent témoigner et constater légitimement de ce qu'il en fut. Vous avez choisi, Monsieur le Préfet, de ne permettre aux administrés que de se ravitailler dans des lieux clos et confinés (lieux dans lesquels le renouvellement d'air est ponctuel, et non pas instantané comme sur les marchés) et où respect des règles sanitaires, hausses des prix, politiques sociales mériteraient, nous le croyons, un audit particulier. Certes, les commerces de proximité sédentaires persisteront (pour combien de temps encore ?), mais nous perdons l'essence même de notre métier si nos maraîchers, primeurs et producteurs ne peuvent nous fournir.
Ce coup de grâce, car il en est un, sonne le glas de l'intérêt de l’État pour le Commerce de proximité. Dès lors, nous demandons, voire exigeons, que soit créé au plus vite un « État de catastrophe sanitaire » et que la commune de la Seyne-sur-Mer, et plus généralement, le Var en bénéficient dans les meilleurs délais afin que nous, « petits », puissions survivre à cette crise nationale dans le respect de notre intégrité et de notre humanité. Dans l'attente de vos mesures qui bénéficieront à notre corporation, je vous prie de croire, Monsieur le Préfet, en l'intégrité de mes respects. Mickaël LEROY, Président de la Fédération du Commerce Seynois