Tonnerre: Le Groupe CNIM explore de nouveaux Territoires ... L’ETI familiale, traditionnellement liée à la défense, déploie avec sa filiale Bertin Technologies un savoir-faire industriel pour des innovations technologiques militaires et civiles dans les secteurs nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique. Le 23 septembre 2017, le bâtiment de projection et de commandement (BPC) Tonnerre jetait l'ancre devant l'île de Saint-Martin, aux Antilles, après une dizaine de jours de navigation depuis Toulon. Ce navire militaire livrait aussitôt sa précieuse cargaison de plusieurs tonnes de matériels, 100 véhicules et quelque 290 soldats pour venir en aide aux victimes de l'ouragan Irma.
Le déchargement fut réalisé directement sur la plage grâce à un engin de débarquement amphibie rapide baptisé « EDA-R » (engin de débarquement amphibie rapide). Logé dans les entrailles du BPC, ce petit catamaran unique au monde est équipé d'une plate-forme mobile d'une capacité de 100 tonnes de fret qui monte et descend. Il est ainsi capable de filer à près de 20 noeuds par mer formée et d'accoster dans 60 centimètres d'eau. Le groupe CNIM explore de nouveaux territoires ... Ce système a été imaginé et réalisé par le groupe CNIM. Depuis 1856, cette entreprise fait profession d'« explorer de nouveaux territoires géographiques et technologiques avec toujours le même esprit pionnier », aime à rappeler Nicolas Dmitrieff, le président du directoire. Descendant du fondateur, il détient (avec sa famille) 57 % du capital, le solde étant coté en Bourse sur le marché Euronext Paris.
L'ETI à la fibre industrielle, dont le berceau se situe à la Seyne-sur-Mer, dans la rade de Toulon, est historiquement liée aux armées. Elle s'enorgueillit ainsi d'avoir construit la première frégate cuirassée à hélice de la flotte française et les premiers chars engagés contre les Allemands en 1917, en même temps que l'usine Renault de Saint-Chamond. Un savoir-faire qui se perpétue cent ans plus tard avec la fabrication des tubes des missiles nucléaires M51 embarqués sur les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins de la Force océanique stratégique française, ainsi que de pièces pour les fusées Ariane ou pour le programme Iter de fusion nucléaire.
Technologies duales ... Le groupe CNIM, fort de 2.500 collaborateurs, réalise 540 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel, dont la moitié à l'export grâce, notamment, à sa branche dédiée à l'environnement et à l'énergie (qui construit par exemple la première centrale solaire française à concentration, à Font-Romeu). L'expertise de CNIM dans l'innovation technologique s'illustre désormais surtout dans les produits et solutions de sa filiale Bertin Technologies. Cette division de la branche innovations et systèmes du groupe, que dirige Philippe Demigné, investit chaque année l'équivalent de 15 % de son chiffre d'affaires dans la recherche et le développement de technologies duales.
L'essor de Bertin Technologies date du début des années 2000, quand la filiale décide d'« innover par elle-même ».
L'essor de Bertin Technologies date du début des années 2000, quand ce spécialiste de la conception et de la fabrication de petits équipements et systèmes de pointe pour compte de tiers décide d'« innover par lui-même », relate Philippe Demigné. Surfant sur la crise de la vache folle, la société met alors au point un appareil à broyer les échantillons biologiques. Son produit évince très vite la marque américaine : il s'en vend actuellement 500 dans le monde. Qui plus est, au contact de ces nouveaux clients, les équipes de Bertin Technologies ont l'idée de développer un microscope digital. Embarquant (comme les jumelles de vision nocturne maison) les solutions d'analyse de la lumière de l' ETI française Photonis , le microscope InCellis, relié à une tablette ou à un smartphone, fait un carton. L'étape suivante de la feuille de route visait à « muscler le catalogue de l'entreprise et à présenter une offre innovante globale en procédant par acquisitions externes », explique Philippe Demigné.
Instrumentation nucléaire ... En rachetant au printemps 2016 la société Saphymo, leader français de l'instrumentation nucléaire, Bertin, qui était jusqu'à présent connu pour ses instruments optiques, est devenu une référence dans l'instrumentation NRBC (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique). Sa dernière prise remonte à l'été 2017, avec le rachat du suédo-britannique Exenso. Bertin Technologies a obtenu ainsi son ticket d'entrée sur le marché mondial des capteurs et réseaux de protection des zones et sites sensibles. Au passage, le Français s'est doté de la capacité de casser le monopole historique de la technologie américaine Flir dans les capteurs optroniques : les produits Exenso vont bientôt embarquer une solution française.
Bertin Technologies dispose d'un atout pour transformer ses innovations en succès commerciaux : un « commando » digital qui promeut la réputation des produits et solutions maison sur le Web.
A Montigny-le Bretonneux, en région parisienne, où sont basées les équipes de R&D de Bertin Technologies, il y a déjà plusieurs années que l'on s'est habitué à travailler en équipes projets interdisciplinaires. La pépite française dispose d'un atout complémentaire pour transformer ses innovations en succès commerciaux : son « commando » digital. Chaque jour, une demi-douzaine de férus du numérique sont à l'écoute du réseau de clients et de distributeurs de Bertin dans le monde. Ils s'efforcent de promouvoir la réputation des produits et solutions maison sur la Toile. Preuve que l'e-marketing n'est pas l'apanage des start-up ... source: Ronan Cotten - lesechos.fr