Au Revoir Monsieur Arthur Paecht et Merci. - (Vidéo ci-dessus) - Arthur Paecht, l'ancien Maire de La Seyne sur Mer et de Bandol est décédé ce Samedi 11/08/2018 à l'Age de 88 Ans - Député durant près de vingt ans, entre 1978 et 2002, ce natif de Vienne, en Autriche, a été maire de Bandol de 1983 à 1995, avant d'être élu à La Seyne en 2001. Les obsèques d’Arthur Paecht étaient célébrées en l’église de Mar Vivo, à La Seyne sur Mer, jeudi 16 août 2018 à 15 heures.
Hubert Falco:
"Je me souviens d’avoir été impressionné par ton intelligence, ton humour aussi, mais je me souviens avant tout de ton engagement pour le bien public. Tu étais totalement dévoué à ce territoire, à ce pays qui t’avait accueilli et ouvert à ce qu’il a de meilleur. Tu n’as eu de cesse, toute ta vie, toute ta carrière, d’essayer de lui rendre ce qu’il t’avait donné, une identité, une personnalité. C’était tout le sens de ton engagement public."
"Je suis heureux d’avoir parcouru à tes côtés une partie de ta route publique, de ta route républicaine. Ton parcours d’enfant écrasé par l’histoire dans son pays d’origine qui se reconstruit ailleurs et parvient à servir son pays d’adoption sur les plus hautes marches de la République, quel bel exemple d’intégration."
Valérie Paecht:
"Je porte ta jeunesse comme un boulet",.. "je déteste, je hais, ceux qui ont fait du mal à ta famille", rappelant avec une force sans concession la mort des parents d’Arthur Paecht lors de la Shoah ... ... "Maintenant que tu vas la retrouver peux-tu la serrer fort fort dans tes bras, la remercier encore et encore d’avoir été ta muse et le pilier de ta vie" ... "Comment vais-je vivre sans toi maintenant papa? Avec qui vais-je débattre de toutes les injustices de ce monde?",..
Marc Vuillemot:
"Aude, Valérie, Pascal, les petits-enfants, et les proches, Mesdames, Messieurs,
J'ai beaucoup appris de l'homme que nous accompagnons pour ce dernier adieu. Je n’ai jamais pu véritablement le considérer comme un adversaire… ce que, pourtant, de fait, nous étions : nous nous sommes, tout de même, affrontés plusieurs fois aux élections ! Mais ainsi vont les relations humaines : adversaires, nous nous respections, et, dans la vie courante, nous avons cultivé des sentiments amicaux. J’admirais sa verve teintée de son accent qui lui faisait intervertir le son "e" avec le son "é", dont je me suis souvent demandé s'il le cultivait délibérément, et, évidemment, son intelligence acérée, son engagement pour la République, sa capacité à dépasser les conflits... lorsque ça lui semblait utile, son goût pour le débat, son appétit pour la confrontation, sa volonté de convaincre, son audace à ne pas hésiter à jouer... à front renversé… car, lui plus que quiconque, connaissait la bête immonde, et non seulement il ne reculait pas devant elle, mais il s’engageait résolument contre. Sa pensée était riche, complexe, non dénuée d’humour. Ne disait-il pas, avec ironie, avec son œil pétillant de malice, à moi et à d’autres, « je suis le seul homme de gauche de cette commune » ? Au-delà de l'ironie, il faisait en cela référence, entre autres, j'en suis certain, à sa volonté de promouvoir la culture qui, selon certains, aurait été une chasse gardée de la gauche...
Car, oui, il était, cela a été dit, un homme de culture. Tout enfant, sa famille lui avait permis de fuir ceux qui portaient atteinte, dans des autodafés gigantesques, aux instruments du savoir et de l’élévation des esprits, les livres, les tableaux, les objets d’art… Il savait, hélas d’expérience, le raccourci que cela a représenté pour conduire sur les chemins qui mènent à la servitude. Ou à la mort. Vous saviez aussi, Arthur Paecht, que promouvoir la culture est prendre le risque de la vérité. Mais cela n’effraie pas un homme de conviction. Je salue donc l'être au destin d’exception que vous fûtes, depuis votre enfance durement marquée par le nazisme en Autriche. Elle aura forgé une vie d’homme résolument républicain et démocrate, jusqu’à vos ultimes combats, au nombre desquels celui que nous avons mené ensemble pour le maintien de notre maternité seynoise, vous qui, tout en ayant exercé quatre décennies à La Seyne votre profession libérale de médecin de ville, avez toujours été un ardent promoteur et défenseur de l’hôpital public. Et vous avez été aussi un pragmatique. Ni complaisant, ni naïf ! Député, Arthur Paecht, vous avez choisi de vous investir avec détermination dans les questions de défense. Parce que vous en mesuriez l'importance pour notre territoire, et parce que la défense, c'est la paix, cette paix qui a tant fait défaut à vos primes années. Vous étiez d'ailleurs très fier de votre présidence de l'IRIS, et aussi d’avoir eu raison - trop tôt - sur certains aspects de la politique de défense du Président Giscard d'Estaing. Ce qui vous a valu quelques soucis… vite surmontés.
Vous avez été longtemps appelé avec déférence « Monsieur le député », « Monsieur le président », ou « Monsieur le maire ». De Bandol et de La Seyne. Mais tu aurais permis, mon cher Arthur, que je revienne au tutoiement de nos échanges, pour dire à ta famille, à tes amis, le respect cordial et presque filial que je te portais, et la tristesse que je ressens. Ton souvenir ne s’éteindra pas dans les esprits et dans les cœurs de beaucoup de gens, de chez nous et d’ailleurs, pour bon nombre pour ce que tu as fait, et pour la plupart pour ce que tu as été. À vous, Monsieur Arthur Paecht, à toi, Arthur, au nom de notre conseil municipal, et en mon nom propre, je dis adieu. Et à Valérie, à Pascal, à Aude, à leurs enfants, à ta famille et tes proches, je redis mon, notre, affectueuse et sincère compassion.",..